que d'os by Manchette

que d'os by Manchette

Auteur:Manchette [Manchette]
La langue: fra
Format: epub
Tags: policier
Publié: 2012-10-02T21:39:55+00:00


X

Au bout d’un moment, mettons quarante secondes ou une minute, je me suis aperçu que personne ne s’occupait de moi. Ce qu’il y a de bien, sur le périphérique, c’est que c’est éclairé : j’ai regardé du côté de la porte de Vanves. Les voitures étaient bloquées à présent sur 2 ou 300 mètres et, à l’extrémité de l’embouteillage, j’ai vaguement aperçu la SM qui avait embouti la barrière centrale et dont toutes les glaces étaient brisées. Il y avait des policiers sur la rampe de la porte de Vanves. Les coups de feu avaient cessé. Comme mon métier est de tout comprendre, j’ai compris que la SM avait essayé de prendre le même genre de virage que moi, et l’avait loupé. Et ensuite, je supposais que les flics avaient tiré sur la SM, ou bien les gens de la SM avaient tiré sur moi et les flics avaient cru que c’était sur eux, ou bien je ne sais pas.

J’ai regardé en l’air et j’ai vu que j’étais sous le pont. En fait, j’étais sous deux ponts, puisque j’étais sous la circulation urbaine, elle-même plus ou moins surplombée par la ligne de chemin de fer. Le barrage de police était quelque part au-dessus de ma tête. J’ai traversé le périphérique intérieur et j’ai marché vers l’ouest. Je suis arrivé en bas de la rampe d’accès de la porte Brancion. J’ai pris la rampe. Il n’y avait personne pour me questionner ou me tirer dessus. C’était bien reposant.

Pas mal de monde, en revanche, au niveau de la circulation urbaine : des voitures arrêtées, des badauds, des policiers qui couraient en tous sens.

— Qu’est-ce qui se passe ? m’a demandé un petit vieux avec un chien en laisse, un béret sale, un mégot brunâtre et un ton maussade et désabusé.

— Je ne sais pas, c’est par là-bas. (Je lui ai désigné la porte de Vanves, de l’autre côté du front de chemin de fer.) Il y a eu un accident, je crois.

— Des coups de feu ! s’est sèchement exclamé le petit vieux. Il y a eu des coups de feu !

— Je ne sais pas, ai-je dit, je viens d’arriver.

Il a haussé les épaules. Je l’ai contourné et je me suis dirigé vers le nord. Il m’a suivi des yeux. J’ai pris le métro à la station Porte de Vanves. Je suis rentré chez le copain Jules vers 11 heures du soir. Haymann était seul au salon, dans le canapé de cuir, en train de lire Le Cabaret de la Dernière Chance de Jack London en sirotant un grand ballon de vodka rose. La télévision était éteinte. La radio marchait en sourdine sur la table de verre.

— Je boirais bien un verre, moi aussi, ai-je observé.

— J’ai fini la vodka, a dit Haymann. Il y a du scotch dans la cuisine. La petite est allée se coucher, a-t-il ajouté comme je jetais un regard circulaire et interrogateur. Elle était claquée. Vous avez l’air claqué également.

J’ai hoché la tête et je suis allé me confectionner un whisky à l’eau plate, très dilué, que j’ai apporté au salon.



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